Le bien-être de nos chiens doit être une priorité dans le choix de nos méthodes d’éducation, aucun apprentissage ne peut justifier l’utilisation de moyens coercitifs, et ce choix ne doit pas se limiter aux seules méthodes d’apprentissage. Une récente étude du Wolf Science Center menée par Giulia Cimarelli a d’ailleurs mis en avant l’importance de la relation que nous entretenons avec nos chien au quotidien. Notre façon d’interagir avec eux influence leur capacité à apprendre et leur réaction face aux situations stressantes.
La confiance que nos chiens nous accordent se construit à chaque instant
Ceci dit, comment contribuer à leur bien-être au quotidien ? Et surtout, sommes-nous vraiment trop exigeants avec nos chiens ? Afin de répondre à cette dernière questions nous allons prendre un peu de hauteur pour observer ce qu’il se passe dans la vie du chien. Et…
Nous contrôlons : ce qu’ils mangent, quand ils mangent, quand ils sortent, où ils sortent, où ils dorment, quand ils peuvent courir, quand ils peuvent rencontrer un congénère, où ils peuvent poser leurs crottes, quand ils peuvent jouer et comment ils peuvent jouer, etc.
(Je précise que je travaille en agglomération, ma vision est donc très “urbaine”.)
Nous ne voulons pas : qu’ils aboient intempestivement, qu’ils détruisent, qu’ils restent dans nos jambes, qu’ils courent dans la maison, qu’ils croquent nos chaussures à 200 balles, qu’ils montent sur le lit ou le canapé, qu’ils creusent dans le jardin, qu’ils tirent en laisse, qu’ils pissent sur les poubelles, qu’ils rencontrent leurs congénères dans la rue, qu’ils sautent sur les gens, etc.
Nous voulons : qu’ils soient propre à la maison (le chien est la seule espèce qui doit se retenir de faire ses besoins !), qu’ils répondent à toutes nos demandes, pour nous faire plaisir et dans l’immédiat, nous voulons qu’ils restent couché sans rien faire à la maison, qu’ils aiment tous les humains, tous les bruits, tous les congénères, les chats… Et les enfants qui leur montent dessus, nous voulons qu’ils fassent leurs besoins dans le caniveau, qu’ils ignorent leurs congénères dans la rue, qu’ils attendent sagement devant un commerce… Etc.
Il est évident que nous leur en demandons de trop !
Mais alors, doit-on ne plus rien demander à nos compagnons ?
Le chien vit auprès de nous depuis des dizaines de milliers d’années. Notre coévolution est tellement liée que l’interaction biologique pour qualifier cette relation n’est pas très nette (est-ce encore du commensalisme ? Du mutualisme ?). Sauf qu’aujourd’hui notre société a évolué sans prendre en compte cette relation, notre environnement est devenu inadapté et dangereux pour nos chiens. C’est pourquoi il me semble irréaliste de croire qu’on peut laisser nos chiens “libres” de tout apprentissage. Au contraire, je dirais que c’est le prix à payer pour que nos chiens jouissent d’un minimum de liberté dans notre société.
Par exemple, si ma chienne est souvent “sans laisse” c’est uniquement parce qu’elle répond au rappel, qu’elle sait “marcher au pied” (même si je n’aime pas ce terme), qu’elle traverse à la demande, qu’elle tient parfaitement le “pas bouger”, etc. Ce sont tous ces apprentissages qui lui offrent la possibilité d’être “libre”. Si elle n’avait pas ces aptitudes elle passerait les 3/4 de sa vie en laisse, comme les plus chanceux des chiens vivant en agglomération…
Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas se remettre en cause et revoir nos exigences à la baisse. Nous contrôlons toute leur vie, nous leur imposons un milieu plus ou moins adapté à leurs besoins et nous les assaillons de demandes ! Mettez-vous un minimum à leur place (oui, parfois un peu d’anthropomorphisme ne fait pas de mal), vous verrez qu’il est très difficile d’envisager une vie sereine dans ces conditions…
Alors limitez vos demandes au strict nécessaire, ou au-delà à condition que cela reste plaisant pour tout le monde, répondez à leurs besoins d’activité, et… Important… Laissez leur des moments de liberté, en silence, où votre chien aura la possibilité de faire ce qu’il aime sans avoir votre consentement permanent.
En résumé, il est indispensable d’apprendre à vos compagnons un minimum de commandes, de façon positive évidemment. Par contre, vous devez être plus indulgent avec eux, moins demandeur, plus complaisant, et cela à tout instant. Ce ne sont que dans ces conditions que vous construirez une relation harmonieuse avec votre toutou.